Jérôme Cuny : la relocalisation en France

Dans le cadre de la Semaine Européenne du Développement Durable, la CCPEVA a organisé une conférence-débat le mardi 12 septembre 2023, animée par Jérôme Cuny, spécialiste de la réindustrialisation à l’aune des problématiques écologiques actuelles.

Face aux enjeux environnementaux croissants et aux ruptures d’approvisionnement subies lors de la crise COVID, la question de la relocalisation se pose avec acuité aujourd’hui en France. Comment réindustrialiser le territoire tout en décarbonant notre économie ?

Selon Jérôme Cuny, avec la globalisation, la dynamique de facilité d’accès aux produits a augmenté de manière proportionnelle la surconsommation et le tout jetable.
Il y a toute une chaîne de valeurs à reconsidérer dans la fabrication d’un produit (matières premières, utilisation des pièces détachées…), qui est difficilement rapatriable en France, cependant toute une série d’étapes pourraient être ramenées dans le territoire, sur des produits dont on considère qu’ils soit essentiels, ce qui en réduirait ainsi le nombre. Une simplification des produits amènerait des productions purement locales possibles.

La réindustrialisation est cruciale pour la création d'emplois, la croissance économique et la compétitivité sur le marché mondial. Cela implique souvent la modernisation des infrastructures, l'adoption de technologies avancées et l'encouragement de l'innovation dans les industries existantes. Plutôt que de suivre le principe du toujours plus, plus grand, plus vite, plus fort, basé sur notre modèle économique établi depuis plus d’un siècle, il est urgent de se questionner sur les besoins catégorisés comme essentiels, à satisfaire de manière la plus indépendante possible.

La conférence de Jérôme Cuny résumée en 3 points

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LA RELOCALISATION

La relocalisation des activités économiques peut contribuer à promouvoir l'économie circulaire en raccourcissant les chaînes d'approvisionnement et en favorisant une meilleure gestion des ressources; minimiser le gaspillage des ressources en réutilisant, recyclant et remanufacturant les produits et les matériaux autant que possible.

Sans se limiter à l’impact carbone et à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, le concept de développement durable s’appuie davantage sur un triptyque visant à concilier la prospérité économique avec l’équité sociale et la protection de l’environnement. 

 

LA SOBRIÉTÉ

Ce changement de paradigme demande à repenser le fonctionnement de notre société de l’économie jusqu’aux relations sociales, afin d’engager cette transformation profonde vers la sobriété. Ceci remettrait en cause pratiquement tout notre système socio-économique d’aujourd’hui. Nos besoins se situent davantage dans l’innovation socio-économique (comment travailler s’organiser, vivre…) que dans l’innovation technologique.

La sobriété économique consiste à repenser nos modes de consommation et de production pour réduire la pression exercée sur les ressources naturelles et l'environnement. Cela implique souvent de consommer de manière plus réfléchie, de limiter le gaspillage et de privilégier des modes de vie plus durables. La sobriété est essentielle pour atteindre une transition vers une économie plus durable et résiliente. La relocalisation des activités économiques peut contribuer à promouvoir la sobriété en encourageant la production et la consommation locales, réduisant ainsi les émissions de gaz à effet de serre liées au transport de marchandises sur de longues distances.

LE CHANGEMENT DES HABITUDES

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C’est finalement, le consommateur qui se pose en paramètre le plus important de la nécessaire transformation. Dans une optique de transition, certains produits seront amenés à être repensés, voire totalement réinventés. Mais le changement d’habitudes d’une société peut prendre plusieurs décennies.

Enfin, l’élément essentiel évoqué pour se faire est de briser le triangle de l’inaction. Aujourd’hui, chacun attend que l’autre agisse en premier. Le mieux serait pour tous de lancer le mouvement, multiplier les expérimentations, quel que soit le niveau de projet ou de transformation.

 

En conclusion de cette conférence, Jérôme Cuny annonce que la solution se dessinera grâce à des pionniers qui oseront montrer des exemples en poussant d’autres au changement.